5 octobre 2011

Le Mauvais fils


Et si notre enfant ne nous aimais pas
We Need to Talk about Kevin de Lynne Ramsay, 1h52, 2011, Royaume-Uni, Etats-Unis.
Avec Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller, Jasper Newell…

Et si notre enfant ne nous aimais pas? Pire s’il nous haïssait de toutes ses tripes, pourrait-on l’aimer ? Lynne Ramsay adapte un roman à succès, narrant les déboires d’une mère de famille dont l’aîné Kevin lui en fait voir de toutes les couleurs.

Ce film, qui pourrait passer pour une comédie française bas du front, se démarque par son parti pris narratif, et la qualité d’interprétation de ses acteurs. Tilda Swinton prête ses traits à cette mère moderne, qui a renoncé à tout ce qu’elle rêvait pour son mari et son fils Kevin. Kevin, le sujet du film, l’enfant sadique à l’intelligence hors norme, entraîne sa mère dans une paranoïa graduelle, et s’arrange pour passer pour la victime aux yeux de son père.

We Need to Talk About Kevin, nous montre ce dont nous n’aimons pas parler : une mère qui regrette sa vie d’antan, car elle est martyrisée par le fruit de ses entrailles. Même si elle aime son enfant, l’hostilité qu’elle reçoit en retour, l’amène à penser à l’infanticide, idée qui la rend encore plus malade.

A la manière d’un 21 Grammes, le récit se replie sur lui-même et arbore une structure non linéaire, mêlant passé et présent, colère et désespoir, avec pour axe le corps et le visage de Tilda Swinton, nous permettant de situer la temporalité du récit. Le film ne nous perd pas, au contraire sa structure en apparence complexe nous permet de mieux appréhender l’évolution psychologique des personnages, grâce à une esthétique du montage brutale et inquiétante, et insistant à travers les séquences sur la couleur rouge, véritable leitmotiv du film.

A tous les niveaux le film est exemplaire, aussi bien au niveau du scénario, de l’interprétation, du montage. Néanmoins, l’ambiance étouffante du métrage est principalement créée par le son, que ce soit par la musique composée par Jonny Greenwood, guitariste de Radiohead, ou par les différents fondus sonores ponctuant le récit.

Une véritable expérience de cinéma qui fait froid dans le dos, il aurait mérité d’être mieux distribué. A voir de toute urgence avant qu’il ne disparaisse de nos écrans.

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