20 février 2011

Sueurs Froides pour ambiance chaude !!!

   Après un long périple à travers les terres froides de l’Est, l’équipe de Sur la route du cinéma est rentrée saine et sauve de 18ème Festival du Film Fantastique de Gérardmer. Si les voyages vers la perle des Vosges se ressemblent, la teneur des festivals change d’une année à l’autre. Alors, en bien ou en mal ? Là dessus, les avis divergent. Explications.
   Tout d’abord, les films français se sont pour une fois taillés une belle part de la sélection officielle. Certes, hors compétition, mais néanmoins, cette présence atteste d’une certaine vitalité du genre, même s’il faudra repasser pour voir des films des qualités. Enfin, cette année marque la fin de l’hyper présence des films espagnols. En effet, la sélection était composée de films de tous horizons : Mexique, Uruguay, Norvège, Maroc… Le déclin du cinéma fantastique espagnol a eu pour principale conséquence la réduction du nombre de films purement fantastiques, absent du palmarès. Friands de films de fantômes et autres malédictions, les œuvres ibériques ont laissés la place à des réalisations plus viscérales type survival (très à la mode ces dernières années), films de torture ou gores. Et la qualité dans tout ça ?
   Après comparaison, force est d’avouer que cette édition 2011 se situe un cran en dessous des éditions précédentes. Il suffit de se pencher sur le palmarès avec pour se rendre compte que quelques films trustent tous les prix et notamment le meilleur film de ce festival : J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon. Porté par un face à face entre deux monstres d’acteur (mention spéciale au revenant Choï Min-Sik, époustouflant), le nouveau film du réalisateur coréen, déjà primé à Gérardmer en 2004 pour 2 Sœurs, nous entraîne dans une plongée viscérale et sans concession dans la plus sadique et extrême des vengeances. Récompensé par les prix de la critique, de la jeunesse et du public, le film fait néanmoins figure de grand absent dans la liste de films primé par le jury de cette 18ème édition. En effet, le prix du jury a été délivré ex-æquo à deux premiers films Ne Nous Jugez Pas de Jorge Michel Grau et The Loved Ones de Sean Byrnes. Si la présence du second, film de torture australien, dans ce palmarès n’a surpris personne, celle du premier a plus été sujet à question. Ce premier film, histoire d’une famille de cannibale qui, suite à la mort du père, se retrouve sans personne pour les nourrir, est avant tout une chronique sociale du Mexique contemporain, doublé d’une métaphore sur la violence au sein de la cellule familiale. Le résultat est intéressant, néanmoins, le film en lui-même comporte de grosses failles, assez typiques de ces films à thèse qui sont incapables de se plier à la matière filmique. Mais la réelle surprise est l’attribution du Grand Prix au film coréen Bedevilled de Jang Cheolsoo. Premier film de son réalisateur, Bedevilled peut impressionner par sa maîtrise précise et certains détails intéressants du scénario. Néanmoins, il n’évite pas les écueils typiques d’un premier film, à commencer par une tendance à trop faire durer les scènes. Lorgnant allègrement du coté de Kim Ki-Duk et de Lars Von Trier, Jang Cheolsoo ne parvient toutefois pas à donner une réelle intensité dramatique aux moments clés, se bornant à jouer sur des éléments rébarbatifs et prévisibles au détriment d’un geste sec et d’autant plus violent.
   En ce qui concerne la sélection hors compétition, elle s’est avérée dans l’ensemble assez décevante. A retenir les deux documentaires sur le cinéma d’exploitation aux Etats-Unis (American Grindhouse) et aux Philippines (Machete Maidens Unleashed) mais surtout le film de cette compétition (dixit Rémi) Rare Exports : Un Conte de Noël de Jalmari Helander. Relecture de la légende du Père Noël, ce film fou fut la bouffée d’air de ce festival et plut énormément au public, en témoigne le taux de remplissage des salles à chaque projection.
   Pour conclure, il faut préciser que, bien que des rumeurs d’une mort du festival ont longtemps circulé, le taux de remplissage des salles a été encore une fois supérieur à l’édition précédente, ce qui prouve la vitalité du festival. Et que dire de l’ambiance dans les salles ! Vu la chaleur dégager dans les salles, il est étonnant que la neige des Vosges n’ait pas fondu.


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