13 mars 2011

Gachîs sidéral


  Décidément la comédie américaine ne se porte pas au mieux en ce début d’année 2011. Après le raté The Green Hornet, autre réunion de talents, place donc au tout aussi décevant Paul, réalisé par l’estimable Greg Mottola et co-écrit par le tandem Nick Frost/Simon Pegg, déjà auteurs des très bons Shaun of the Dead et Hot Fuzz. Après avoir rendus hommage aux films de zombies et aux films d’action, le duo britannique Frost/Pegg s’attaque ici au film de science-fiction en s’entourant de ce qui se fait de mieux en ce moment de l’autre coté de l’Atlantique. Ainsi, aux manettes on retrouve le réalisateur du cultissime Supergrave Greg Mottola et devant la caméra, les acteurs Jason Bateman (In the Air), Seth Rogen (qui prête sa voix à Paul l’extraterrestre) et en guest-star Sigourney Weaver (Alien, bien sur!). Aux premiers abords, le concept s’avère séduisant : un extra-terrestre enchaînant les blagues bas de la ceinture et porté sur le pétard croise, lors de sa fuite, deux geeks anglais et va faire un bout de chemin avec eux jusqu’à sa navette de sauvetage. Néanmoins, le soufflet retombe très vite et laisse place à une galette plate aux plaisirs trop rares pour être réellement appréciables. Le film se repose trop sur l’alien Paul, seul personnage sympathique du film, et au passage, meilleur acteur du film. A la différence des autres scénarios du duo Frost/Pegg, ce Paul se détache de la parodie pour virer vers un genre tendance ces temps-ci : la comédie geek. Mais plutôt que de choisir l’un ou l’autre, le film tente de faire le compromis entre les deux et échoue lamentablement dans cette tâche. La stupidité des personnages principaux et secondaires, ainsi que la vacuité et le coté attendu du scénario ne se justifient plus par la nature parodique de l’ensemble et annihilent ainsi toute approche empathique des protagonistes. Il n’est pas étonnant que dans ce méli-mélo scénaristique, le seul à dégager une réelle sympathie est l’extraterrestre lui-même car il est le personnage parodique du film. La mise en scène de Greg Mottola n’est pas exempte de tout reproche. En effet, face à ce matériau bancal, le réalisateur d’En Route vers Manhattan ne réussit pas à trouver un angle d’attaque pertinent et clair. Tantôt parodique (lorsque Paul souffle des conseilles à Spielberg par téléphone pour l’écriture de E.T.), tantôt simplement comique (les scènes lourdasses de discussion entre Frost et Pegg quant à la conduite à adopter face aux problèmes posés par la présence de Paul.), la mise en scène oscille entre ces deux registres, ne cherchant pas à donner un sens à son dispositif, préférant se plier avec docilité à un scénario bancal.
  En somme, si le film est loin d’être complètement déplaisant, notamment grâce au personnage déjanté de l’extraterrestre, ce Paul s’affirme néanmoins comme un gâchis notable au vue du nombre des talents impliqués. Jusque là auteur d’une filmographie intéressante, plus adepte de la comédie Américaine que de la comédie geek, Greg Mottola se place dans une position de simple faiseur pour ce quatrième long-métrage. Ni réelle parodie, ni pure comédie geek, c’est bien ce dernier public qui pourra trouver son compte dans cette comédie complaisante. Il est de notoriété public que le tandem Frost/Pegg représente la culture geek. En abandonnant la parodie pure, il prive ainsi les non-initiés d’une voie d’accès au métrage. Dommage ! 


Paul, réalisé par Greg Mottola, avec Simon Pegg, Nick Frost, Jason Bateman, Sigourney Weaver, Kristen Wiig...

4 mars 2011

Des Césars et des hommes…

Des Hommes et des Dieux: 4 Césars pour 10 nominations.

  La dernière semaine de Février marque chaque année la période des récompenses de l’année cinématographique. Première en date, la cérémonie des Césars a fait démentir les pronostics qui donnaient largement vainqueur Des Hommes et des Dieux. Certes, le film de Xavier Beauvois ne repart pas bredouille de cette 36ème cérémonie des Césars avec trois statuettes, dont celle très convoitée du Meilleur Film et celle du meilleur second rôle pour le vétéran Michael Lonsdale, pour dix nominations. Autre favori, The Ghost Writer remporte quatre prix dont celui de la Meilleure Adaptation et permet à Roman Polanski de remporter un troisième César du Meilleur Réalisateur (après Tess et Le Pianiste). Plutôt que le raz de marée annoncé, l’Académie a décidé de primer un palmarès éclaté pour valoriser la diversité et la vitalité du cinéma Français. Ainsi Gainsbourg (Vie Héroïque) de Joann Sfar remporte trois statuettes dont celle de la Meilleure Première Œuvre et récompense la splendide performance d’acteur d’Eric Elmosnino. Le César de la Meilleure Actrice revient lui à l’éclectique Sara Forestier pour son rôle dans Le Nom des Gens, agréable surprise de cette fin d’année récompensée du Meilleur Scénario Original. Anne Alvaro a elle obtenue le César de la Meilleur Actrice dans un second rôle pour Le Bruit des Glaçons, dix ans après Le Goût des Autres. Du coté des Espoirs, le verdict est sans appel et sans discutions possibles tant les performances de Leila Bekhti (dans Tout ce qui brille) et de Edgar Ramirez (dans Carlos, à voir absolument dans sa version longue) se détachent des autres lauréats possibles. Après un vibrant hommage rendu au regretté Claude Chabrol, le césar d’honneur a été cette année attribué à l’américain Quentin Tarantino. Enfin, autre victoire Américaine, le film de David Fincher The Social Network est lui repartit avec la statuette du Meilleur Film Etranger. Un présage pour les Oscars ? Au vue de l’histoire, pas sur.

De gauche à droite : Xavier Beauvois, Eric Elmosnino, Sara Forestier, Michael Lonsdale.