5 octobre 2011

Dérapage controlé

A la sortie de Valhalla Rising, le guerrieux silencieux, le jeu
Drive de Nicolas Winding Refn, 1h40, 2011, USA
Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Ron Perlman, Albert Brooks…

A la sortie de Valhalla Rising, le guerrier silencieux, le jeune cinéaste Nicolas Winding Refn confesse qu’il désire réaliser un gros film américain en attendant de pouvoir retourner à des projets plus personnels. En 2011 Drive sort sur nos écrans et des gros films américains de cette trempe, on voudrait en voir toutes les semaines.

Le réalisateur danois débarque à L.A pour nous offrir l’histoire d’un as du volant, mécano et cascadeur le jour, driver pour des petits casses la nuit. Cet automate mutique va voir son rythme de vie calculé basculer à la rencontre d’Irène, une jeune mère dont le mari purge une peine de prison. Notre driver solitaire s’éprend d’Irène, au moment où Standard, le mari de cette dernière sort de prison. Ce dernier veut retrouver une vie de famille normale, mais une dette contractée en prison menace Irène et leur fils. Pour éradiquer toute menace notre driver va aider Standard dans un casse qui tourne mal. Mis au pied du mur le driver va devoir se servir de sa violence pour essayer de rétablir les choses.

Sur le papier Drive semble n’être qu’un énième film de self-défense, mais c’est un réalisateur à la poétique violente qui se charge de faire le film. Winding Refn installe dès la première séquence une esthétique urbaine, rappelant Michael Mann, teinté de couleurs vintage sentant bon les années 80, créant ainsi une atmosphère aussi pesante que magnifique. Il impose un rythme lent, faisant ressortir avec dynamisme les scènes d’action qui parsèment le métrage. Même si le pitch laisse croire que l’on sait exactement où le film nous conduit, le scénario réserve son lot de surprise aussi bien grâce à ces virages scénaristiques, que par les obsessions thématiques du cinéaste. Ce Drive, à l'instar des autres films de Winding Refn, se construit autour des mêmes récurrences, l’action violente, les personnages solitaires, les spirales où le protagoniste se doit d’affronter la fatalité.
Protagoniste tantôt cool et mystérieux, puis froid et barbare, incarné par le magnifique Ryan Gosling qui signe ici le rôle le plus important de sa jeune carrière, le jeune acteur illumine chacune des scènes par sa présence, son jeu minimaliste. Son visage,oscillant entre tendresse et colère, n’est pas sans rappeler cette dualité chère au cinéaste danois, qu'il avait déjà su déceler chez Mads Mikkelsen, héros de Bleeder, Pusher 2, et de Valhalla Rising, d’autres excellents films de Nicolas Winding Refn.

Tant de brio et de personnalité ont permis à ce jeune réalisateur de gagner le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes. Ce prix permettra certainement de révéler au monde un cinéaste sur lequel on devra compter dans le futur. Aussi froid et brillant qu’un néon, Drive est un film qui deviendra culte.

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